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Essai
« La société moderne est malade. Le peuple, subrepticement écarté, rabaissé, divisé, trompé, muselé, dépossédé, maltraité, déraciné, démembré, atomisé, s’éteint peu à peu. Ses terreurs, en vagues successives, s’écrasent sur ses fondations qui se désintègrent et lui font perdre inexorablement ses souverainetés. Enfant de la modernité, j’ai moi-même éprouvé les arrachements de ma famille. Puis j’ai été un journaliste ne sachant pas qu’il avait lui-même perdu ses souverainetés. Ma dé-souveraineté a suivi la dé-souveraineté de mon pays et de mon époque.
La Fleurière, Le 29 août 2074,
Mes chers arrières-petits-enfants,
C’est avec une grande joie que je vous écris cette lettre. Déborah, ma chère accompagnatrice en santé, a bien voulu retranscrire ces quelques mots que je ne peux plus que chuchoter à son oreille. Alors que cela fait maintenant huit ans que je suis centenaire, alors que le siècle a bientôt atteint les trois-quart de son parcours, il me revient ce matin un souvenir que je garde encore vivace : celui d’un rêve éveillé que je fis il y a cinquante ans jour pour jour.
En ce 29 août 2024, je tentai d’imaginer à quoi pourrait ressembler notre société cinquante ans plus tard.