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Récit de voyage
« Ce récit est à la première personne.
Il est intéressant de partager l’état d’esprit d’un jeune Français à la veille de Mai 68. Par le plus grand des hasards, celui-ci se trouve à effectuer un long périple au Proche Orient, à peine refroidies les armes de la guerre des 6 jours.
Ainsi impactée par des situations des plus inattendues, une réflexion personnelle et mitigée s’élabore au long de l’errance, qui générera une certaine désillusion existentielle.
L’actualité la plus récente donne une résonance et une mise en perspective curieusement enrichissantes à ce vécu.
Il serait impossible de parcourir aujourd’hui la route de Kermanshah avec une telle insouciance. »
L’Akdeniz, le bateau blanc de la compagnie maritime turque Denizolari, se rangea le long du quai de Galata, sur le rivage européen du Bosphore, non loin de la Corne d’Or. Ce beau navire, plutôt imposant par ses dimensions, assurait la liaison régulière de transport de passagers et de marchandises entre Haïfa, Smyrne et Istanbul.
C’était un jour grisâtre et finement pluvieux, de septembre, vers midi.
Le quai étroit auquel nous étions en train d’accoster avec une lenteur pachydermique était encombré de fardeaux et d’une foule de curieux qui nous dévisageaient de bas en haut. Nous les observions quant à nous, appuyés au bastingage, essayant de repérer dans leur apparence les premiers signaux humains pouvant nous éclairer sur les us et coutumes de l’endroit. Ils étaient vêtus à l’européenne et rien d’oriental ne complétait leur mise. Ils attendaient qui un membre de la famille, qui un ami ou peut être une relation de travail, ou bien le retour romantique de l’être aimé. L’environnement subtil créé par l’arrivée d’un navire dans le port d’Istanbul, au nom évocateur de mille intrigues passionnelles, au rythme des sirènes variant des graves à très graves, semblait privilégier cette dernière hypothèse amoureuse