Philosophie
Le courage d'avoir peur, réflexions sur le catastrophisme
Eric ChevetDe nombreuses menaces mettent aujourd’hui en question l’avenir de l’humanité et l’apparition de « nouveaux risques » ne manque pas de produire des philosophies radicalement catastrophistes. Mais faut-il pour autant donner crédit à ces discours alarmistes faisant la promotion de la peur ?
Si certains penseurs, comme Thomas Hobbes ou Emmanuel Kant, avaient jugé nécessaire, dès le début de l’époque moderne, de faire la critique des prophéties apocalyptiques de nature religieuse, faut-il encore condamner les visions du monde les plus effrayantes (écologique notamment), celles qui annoncent le pire, et procéder, une nouvelle fois, à une critique de la raison apocalyptique ? Certains penseurs catastrophistes, comme Hans Jonas, Günther Anders ou Jean-Pierre Dupuy, pour ne citer que les plus connus, sont en effet de sombres précurseurs. Mais leur philosophie ne convient-elle pas, justement, à « la société du risque », à un monde qui ne cesse d’accroitre ses zones dangereuses ?