

Traces de Faïk Konitza
Les morts ont un destin. Celui de Faïk Konitza, décédé le 15 décembre 1942 à Washington, est singulier ; à l’image de son existence. La guerre met hors d’atteinte l’Albanie, pour quelques mois encore sous occupation italienne, au sein d’une Europe dévastée. Expatrié la plus grande partie de sa vie, Konitza doit poursuivre son exil dans la mort.
Né en 1875, le jeune aristocrate albanais Faïk Konitza s’installe à Bruxelles en 1896 où il fonde et anime la revue « Albania » dont l’aura n’a cessé de grandir depuis plus d’un siècle. L’homme fascine ses contemporains. « Un élégant conspirateur » d’après le journaliste Maurice de Waleffe. « Sa pensée communiait avec ce que l’intelligence européenne possède de plus élevé », précise le diplomate belge Fernand Van Langenhove. Léon Cahun voyait en Konitza « l’un des meilleurs esprits et des plus fermes que je connaisse ». André Salmon décrit « l’un de ces purs (au dernier rang des purs) » tandis qu’Apollinaire n’a cessé de clamer son admiration pour « l’Albanais le plus érudit de l’Europe ». Le jeune Konitza avait fait de la France sa « patrie intellectuelle ». La revue « Albania » qui paraît jusque 1909 en garde la trace. Ces pages pétillent d’esprit polémique et de connaissances sur la question albanaise et des Balkans.
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