Littérature générale
Précis de décomposition du football, à l’usage des connaisseurs
Avant le foot, c’était juste du football. Un sport, un spectacle, un jeu. Ses règles, immuables, ne le prédestinaient pas à être le foot que nous connaissons aujourd’hui. Eugène Saccomano, grand connaisseur, disait que le football est le miroir de la société. Avec l’exaspération du phénomène des supporters ultras, la rencontre de football est désormais le lieu de revendication d’une volonté de maîtrise aussi violente que paradoxale, aussi agressive que dénuée de sérieux.
Dans un monde dominé par la volonté de maîtrise, aucun autre jeu que le football ne peut prétendre détenir cette sorte de privilège de restituer aux individus le contact avec ce que les philosophes ont nommé l’imprévisibilité du réel. C’est cet attrait unique et irrésistible qui contribua à porter le football des prés et des rues, cette royauté des enfants, à la grandeur d’un phénomène social majeur aux dimensions tout à la fois sociologiques et économiques. Bergson écrivait il y a plus d’un siècle, à propos du réel, qu’il est toujours « la création perpétuelle d’une imprévisible nouveauté ». Toutes les fois où le football donne à voir cela, il donne à vivre quelque chose d’essentiel. Il justifie par là son statut de jeu noble.
Fiche technique
- Auteur
- Eric Prunier
- Collection
- Temps présents
- Nombre de pages
- 184
- Format
- 142 x 205