

Roman noir
Voici l’histoire d’un homme. C’est une sorte d’ermite d’une quarantaine d’années, un ermite en milieu urbain. Déjà chauve, il se cache derrière une monstrueuse moustache balai-brosse, avalant le peu de mots qui osent la franchir. Des vêtements sombres, sans prétention, Auchan ou Prisunic, recouvrent un dos voûté, volontairement, pour perdre quelques centimètres qui pourraient dépasser de la foule.
Indifférente. La route est
neutre.
Elle charrie son lot de bruit, de mécaniques humaines, de
pollution et n’émet aucun avis. D’ailleurs est-ce qu’on lui
demande quelque chose?
On dit que la route passe.
Il n’y a
pas plus immobile qu’une route.
Ancrée dans son bitume, elle se
déroule sans se déplacer. Elle trace un trajet sans voyage. Elle
emmène les hommes au bout d’elle-même.