Roman français
Lions de l'Atlas
Jean-Pierre MillecamTrois nouvelles dont le ton est cet humour particulier aux exilés maghrébins dans la capitale française. Ce registre n’empêche pas, du reste, la fougue de l’épopée. Le décor? Un café « arabe » au cœur de Paris, le métro, une église où sont réfugiés des sans-papiers. Le héraut est Daniel, flanqué de son alter ego Jamal. Ils gravitent autour de deux inséparables, Foskifo et Beur de Cacao, ex-voyous en qui le curé La Camomille voit des séraphins délégués par la Providence. Ajoutons les lions des Atlas algéro marocains - sans compter la très colorée Lalla Bulldozer.
Ce jour-là, des trombes allaient s’abattre sur la capitale et, de fil en aiguille, nous conduire à ce café que Jamal allait bientôt nommer notre « Troquet secret ». Le déluge avait quasiment attendu la fin de la manif avant de se déchaîner. La veille, Foskifo et Beur de Cacao (alias, respectivement, OuldHennia et Ben Salam) nous avaient conviés à les rejoindre tôt le lendemain à un angle de la place de la Bastille afin de les aider au service d’ordre : l’ennemi pouvait se glisser dans nos rangs et éveiller la frénésie des casseurs – extrémité à éviter à tout prix, car il fallait persuader les caméras que nous ne nous battions pas pour le plaisir, mais pour prouver le sérieux de notre cause: « Le FN, à genoux ! avait décidé Foskifo. Les casseurs à plat ventre !… »