

Essais
L’imaginaire fictionnel n’est plus aujourd’hui ce qu’il était autrefois. La révolution digitale a tout bouleversé. Le capitalisme aussi. Longtemps monomédiatiques, les fictions n’ont plus nécessairement le statut d’«œuvres uniques», elles forment de plus en plus des constellations transmédiatiques, gravitant autour d’une même idée séminale (un personnage, un scénario…), qui migre d’un média à l’autre, parfois d’un genre à l’autre, à la faveur d’un régime expressif fondé sur le panachage des codes, des langages et des activités imaginaires (transmedia storytelling). Face à cet univers, nous aurions pu choisir de nous enfermer dans la tour d’ivoire de nos certitudes anachroniques et de continuer à parler de la fiction comme si rien ne différenciait sa forme actuelle de celle d’antan.
Les narratologues se sont octroyé un domaine de recherche exceptionnel: l’étude du récit dans toutes ses variantes possibles et imaginables. L’étendue de ce domaine est virtuellement infinie, dès lors qu’on peut y englober tant les récits factuels (de nature historiographique ou journalistique) que les récits fictionnels sous toutes leurs formes (à savoir un éventail de textes allant des fictions intemporelles du patrimoine littéraire classique aux plus récentes expérimentations de l’imaginaire transmédiatique digital). Le récit étant un fait universel, attesté sous toutes les latitudes géographiques et historiques, la discipline universitaire qui en a pris en charge l’étude, la narratologie, aurait eu la possibilité d’exercer une force d’attraction puissante sur toutes les autres disciplines universitaires travaillant sur des corpus narratifs ou para-narratifs, en leur fournissant des outils méthodologiques fiables et efficaces pour explorer tous les méandres du «cosmos» narratif balisé par les textes pris en examen.
Fiche technique