

Roman
« Aussi loin que je me souvienne, on ne m’a jamais appris à aimer. Je dois dire que les choses n’ont pas beaucoup évolué. » C’est sur cette sentence que s’ouvre le journal anonyme qu’est Mâle Noir. Au fil des pages et des pérégrinations de cet homme d’une trentaine d’années, on découvre son parcours affectif chaotique, ses atermoiements et son incapacité à s’ouvrir aux autres. Différentes rencontres le font petit à petit sortir du confort feutré de sa solitude, mais au moment où il semble finalement s’ouvrir, et où l’affection et l’amour font enfin partie des émotions qui l’animent, tout lui échappe.
A pas rapides, dans le crissement des feuilles chues, j’avançai sous la bise qui fendait l’air. J’ajustai ma veste, pelotonné jusqu’à la courbure. Le faible éclairage municipal semblait sous le coup de la tempête hivernale qui avait traversé la nuit. Une buée épaisse, griffée par la chute de la neige, naissait sous les lampadaires qui éclairaient la rue encore timidement endormie. Seuls quelques téméraires, emmitouflés, le dos légèrement voûté, se déployaient comme des ombres accablées, hâtant le pas. Le vent glacial déposait sa poussière, et ses flocons blancs sur leurs cols, leurs bonnets. Ils passaient, dispersés, anonymes, avant d’être happés par quelques maisons ou retraites. Clamart dormait.