Roman
Babel
Lucas Favre« J’avais grandi dans le culte des héros, des guerriers et des saints, des explorateurs, des rois, des prophètes et des poètes, des dieux et des batailles, des sacrifices : j’eus désormais vendu mon âme pour un coin de terre dans une prairie tranquille, même uniquement peuplée d’êtres un peu chicaneurs et avares, pourvu qu’ils fussent pacifiques. »
C’est après avoir vu ma famille assassinée, et ma ville tout entière exécutée, que je partis pour Babel.
J’avais entendu parler de cette grande cité du Sud, où les persécutés de tous les peuples du monde, passés et présents, parvenaient à vivre ensemble, et à accueillir sans cesse de nouveaux exilés. Et, pendant ces décennies de guerres qui ont ravagé mon pays, les hommes murmuraient ce nom d’une voix de plus en plus emplie d’un espoir fou, si grand qu’il en devenait craintif.
Aussi, une fois rétabli par les soins d’un fermier que j’avais dû tromper sur mes dieux, je partis sans le sou, pour l’Orient, et ce nom merveilleux.