Roman français
Camus l'archipel- Ressac sur Patmos
Jean-Pierre MillecamAmi lecteur, ces quatre ou cinq dialogues vont-ils mettre un terme à mon oeuvre ? Celle-ci dépasse aujourd'hui une trentaine de volumes. Ma plume s'acharnera-t-elle à déborder un chiffre qui pourrait clore toute une vie - la mienne ? Je vais laisser faire cette plume, ce précieux outil. Car si je me penche sur ce tsunami charriant l'encre du rhapsode, je retrouve les lieux et les époques où l'énorme vague a été conçue.
Je distingue alors plusieurs périodes: la première, que j'ai toujours nommée mon versmt algérien, est suivie de mon versant marocain; la ligne de faite qui les unit figure sous le titre suivant: Point d'orgue.
Cette sentence, tirée des premières pages d’Hector et le Monstre, pourrait servir d’exergue aux épopées nées de ma plume. Elle marque la présence de L’Obscure Présence au seuil de ma carrière, avant même que l’Histoire ne produise la matraque de Khallil pour écraser ma tempe.
Nous sommes à la charnière des années 1950 et 1951. L’Histoire ne me frappera qu’en 1956 : malgré les leçons de Mandouze, mon professeur de latin, je n’ai pas perçu les menaces de l’évènement, y compris quand la guerre, au 1er novembre 1954, a débarqué chez moi.