Manifeste
Le sentiment d’humanité – Manifeste pour une femme libre
Elsa Godart« Mon enfant, ma fille, qu’est-ce qu’être humaine dans un monde déshumanisé ? Mon enfant, ma fille, qu’est-ce qu’être vivant dans un monde pétrifié ?
Toi, mon enfant, ma fille, tu es vivante, et tu le cries. Toi, mon enfant, ma fille, tu es humaine et tu le dis.
Être humaine, mon enfant, ma fille, c’est aimer là où on voudrait que tu aies peur ; c’est transformer la haine en mots ; et les coups en larmes. C’est contre toute violence à l’endroit de la fille, de la femme, être capable d’imposer la douceur. C’est conquérir la tendresse et la douceur, là où il n’y a que mépris et agression. C’est avoir la force du pardon quand nous n’aurions que le goût de la vengeance. C’est dire non, – parfois au prix de la vie – quand on te force à dire oui.
Noir. Noir comme l’intérieur d’un ventre. Noir comme la fin du monde. Noir comme la mort : tu es née lumière. Dans un monde qui se déchire l’impalpable vérité et qui se fissure de part en part, tu as surgi comme une évidence. Noir. Ton premier regard dit qu’il fait noir. Mais tu es vivante, toi et tu le cries. Tu te débats pour refuser une réalité qui ne t’appartient pas. Tu es en chair et en corps, tu es pensée pure et élan du cœur : tu es née fille, femme.