Récit de voyage
BALKANS, journal d'un doux errant
Didier ThuriosJe veux ne plus rien vouloir. Que le hasard prenne le volant en chantonnant une comptine albanaise. Je resterai sur le siège passager en laissant défiler la bande. Je veux butiner les onomatopées de villages, siffler des cafés grecs et des airs ridicules. Fréquenter les arrière-cours en maraudant un peu quelques figues. Bayer aux rivières en m’étirant l’échine. Puis un jour je tournerai la boussole de la fortune et suivrai la flèche jusqu’à la sortie. J’entrerai ailleurs, de préférence par une fenêtre...
Point du jour. Une aile de lumière balaye la terrasse des cafés. Mouettes et pigeons domestiques. C’est l’instant suspendu avant le grand déballage, le grand dégueulis des bus en navettes. Passé l’heure c’est la lie, l’hallali. Ne reste qu’à avaler, se remplir jusqu’à l’indigestion, l’écœurement. Ne reste plus rien à transcender. Tout est dit, rabâché, digéré. Il ne faudrait vivre à Venise qu’entre chien et loup.