

Récit
Pourquoi vais-je écrire sur l'école de torture Tejas Verdes ?
Pourquoi vais-je appeler mon roman Piedras Blancas ?
Pourquoi ai-je le sentiment que les individus opérant dans cette horreur aient pu être, à l’origine, des êtres humains qualifiés de « normaux » ?
Aurais-je pu torturer, moi aussi ?
Les monstres poussent-ils sur le terreau d’une société ordinaire ou sont-ils engendrés par les systèmes sociétaux d’une époque ?
Dans Isabel fille du vent, María Isabel Mordojovich pose deux problématiques : celle du processus d’écriture d’une passeuse de mémoire et celle des mécanismes d’une école de tortionnaires durant la dictature de Pinochet au Chili (1973-1990).
L’année 2023 sera celle du cinquantenaire du coup d’État qui a renversé Allende au Chili.
Assis dans mon fauteuil imaginaire, à des milliers de kilomètres, le rideau s'ouvre et la scène s'illumine. La vie recommence encore et encore, malgré les morts et ses côtés les plus sombres.
Je lis à haute voix, je vis, « Isabel, fille du vent. » Le spectacle commence.
Le théâtre est un espace magique dont nous savons qu'il s'agit d'univers créés par des dramaturges, comédiens, comédiennes, metteurs en scène, scénographes, éclairagistes, costumiers et maquilleurs. Cependant, nous croyons. Nous rêvons, nous rions et notre âme se brise.