Malraux & Drieu la Rochelle Amis et adversaires
Malraux & Drieu la Rochelle Amis et adversaires
Jean-Louis Saint-YgnanL’amitié qui lia André Malraux à Pierre Drieu la Rochelle demeure incompréhensible si l’on s’en tient à leurs destinées radicalement différentes.
Malraux, aventurier exotique, compagnon de route des communistes, tribun patenté de l’Association des Écrivains et Artistes Révolutionnaires, antifasciste convaincu, compagnon de lutte des Républicains espagnols, « colonel Berger » de la Résistance, ministre de l’Information à la Libération, finira sous les lambris des palais de la nation dans les habits de ministre gaulliste de la Culture avant de rejoindre les grands hommes que la République entend honorer au Panthéon. Drieu la Rochelle, fasciste déclaré dès 1934, orateur du Parti Populaire Français de Jacques Doriot, directeur de la NRF « occupée », ami de l’ambassadeur allemand à Paris Otto Abetz, figure emblématique de la politique de Collaboration, se suicide en 1945. Il connaît aujourd’hui encore, malgré la consécration littéraire que lui vaut son entrée dans la Bibliothèque de la Pléiade, le discrédit qui s’attache aux écrivains qui ont fait le mauvais choix politique, selon le mot de Camus, « mettre à temps leur fauteuil dans le sens de l’histoire ». Au-delà de la confrontation des deux personnalités, ce face-à-face nous restitue le climat de l’entre-deux-guerres.