Roman
L'a(r)gent du bonheur
Clément Bourgoin«Non mais dites-moi que je rêve!»
Vincent en a marre. Vincent en a marre de la bienséance et de la politesse, du troc et de la gentillesse.
Vincent en a marre de faire de la musique, du sport et de lire à heure fixe, tous les jours, toute l’année, toute sa vie. Sonneries, restrictions, interdictions, obligations... Vincent en a marre!
Ce bonheur carcéral imposé par les «salopards de dictateurs» qui dirigent ce monde de «têtes molles» lui devient chaque jour un peu plus insupportable. Alors Vincent va craquer.
Vincent va se fâcher.
Vincent va se révolter.
Porté par l’ombre tutélaire de Grand-Pa, Vincent, cet ambitieux plombier du village de Labastide, nourrit l’espoir fou de rendre aux hommes leur humanité en faisant renaître un passé enterré et oublié.
«Non mais dites-moi que je rêve! Ce n’est pas possible de lire des choses pareilles!»
Le visage caché derrière le journal ouvert, Vincent fulminait.
«Tu as vu ça? Franchement où est-ce qu’on va? “Pas plus de cinquante pieds”. Qu’est-ce que ça veut dire? Dites-moi que je rêve!
Et si j’en veux plus de cinquante de pieds de tomates moi, je fais comment? Hein? Ose me dire que tu crois encore être libre!
― Je n’ai jamais dit que nous étions libres.»