

Biographie
Quand le quotidien d’un homme tutoie la Grande Histoire, ces événements entraînent souvent de curieuses conséquences… François Finelli livre ici en creux le portrait sans retouche de son oncle Francis (1910-1998), un personnage hors du commun, haut fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, qui aura traversé le XXe siècle en enchaînant expériences et rencontres passionnantes. Il a choisi de lui donner ici la parole pour évoquer les souvenirs de sa trajectoire.
Cet insulaire au fort tempérament offre une parfaite synthèse du tempérament du peuple corse, savant mélange de labeur, de panache, de gloire, de fierté et d’une part d’ombre insoupçonnée.
Il fait très chaud ce dimanche et la vieille maison de famille s’est recroquevillée sous les morsures du soleil d’Août. Mon village de Bastelica s’est assoupi pour la sieste rituelle. Toute la Corse s’est mise en mode pause, le temps est suspendu. Le moment est venu de mettre enfin à exécution ce projet que je remets sans cesse au lendemain depuis de trop nombreuses vacances: vider la malle de voyage de mon oncle Francis qui encombre depuis plus de vingt ans le grenier.
Les barreaux de l’échelle de meunier craquent sous mon poids quand je commence à l’escalader. Lorsque je soulève la trappe d’accès, une bouffée de chaleur me submerge. Puis, par les pierres disjointes, un courant d’air vient flatter mes narines. Les parfums enivrants du maquis alentour se mêlent aux effluves de salpêtre des murs oubliés. L’ancien bagage trône sur le plancher, imposant. Son cuir râpé, ses ferrures oxydées et ses longerons de bois au vernis écaillé racontent une vie de 14 déplacements et d’agitation qui a fini par échouer dans l’oubli de cette soupente.