Récit
Le Portail vert
Carine C. SagazJe suis un portail mais pas un mirador , du genre qu’on voit mais qu’on ne regarde pas, mais dont on déplore l’absence s’ il n’est plus là.
On ne penserait jamais qu’un portail puisse avoir la prétention de devenir le narrateur d’un roman, franchement… Mais c’est une ode à la vie.
On ne prête pas attention aux portails, mais pourtant, ils voient la vie se dérouler, en fait, la vie les traverse sans cesse, ils entendent tout, voient tout, ils sentent les mains, fermes, fébriles, hésitantes ou douces, ouvrir, fermer, claquer selon les humeurs… ils voient passer la vie, les cercueils, les robes de mariée, les poussettes, les colères, la fatigue, la lassitude et les premières amours.
Je me présente : je suis un portail, un portail vert, du moins à l’heure où j’écris, je suis un portail vert pale, genre vert de Provence. Comme tout portail qui se respecte, j’ai eu plusieurs identités évidemment : noir, rouillé, rouge, blanc puis rouillé puis marron, puis vert pale.
Je suis le portail d’une maison en bord de rivière, à la campagne, modeste mais coquette, une petite maison humble mais toujours fleurie car ses habitants en sont fiers. Je garde une maison gagnée grâce à un dur labeur. Je vais raconter mon histoire qui est aussi la leur.