Philosophie
Homère
Jean SarocchiJe découvre Homère à l’âge de douze ans. Monsieur Bron inflige à ses élèves de «quatrième A» l’heureux supplice de mettre brièvement en vers la rencontre d’Ulysse et de Nausicaa. Celle-ci me laissa une image idéale de la jeune fille telle que la rêve tout être épris de beauté et de pureté. Je lus plus tard quelques pages imprudentes d’Albert Camus sur «l’exil d’Hélène », qu’il regrettait. Non, il n’y a pas à regretter l’exil d’Hélène ; nous devons à cette garce, qui ne cesse jamais d’être parmi nous, hélas, la guerre de Troie et toutes les guerres consécutives. C’est Nausicaa que nous avons exilée, avec elle l’édénique pays des Phéaciens et son écologie intégrale.
En cet octobre, selon une tradition qui semble bien établie, des colonies d’étourneaux se rassemblent, le soir, sur les platanes du quai de la Daurade et l’on croirait, au vacarme de leurs pépiements, que grésille dans le feuillage un influx électrique. Je suis, de même (comparaison homérique ?) un arbre de citations, un grésillement, matinal, méridien, vespéral, nocturne, d’aphorismes, de poèmes, de sentences, de fragments du psalmiste, de péricopes évangéliques.